Némésis - Vanessa Degardin

Je remercie les éditions Black Ink pour ce service presse.

Avec "Némésis", Vanessa Degardin signe une romance à la lisière du thriller psychologique et de la romance à suspens. Loin des amours légers, elle explore ici la reconstruction, la colère et la quête de justice d’une femme brisée mais indomptable.

Joy, psychologue, revient dans sa ville natale après avoir échappé à un compagnon violent. Chargée d’un lourd passé, elle cherche à se reconstruire auprès des siens — sa mère, son cousin Forbes — dans un décor de marais à la beauté sauvage qui m'a fait pensé aux paysages du film "Là où chantent les écrevisses".

La nature, parfois hostile, parfois apaisante, devient le théâtre d’une renaissance incertaine... Dans la région sévit une mystérieuse justicière surnommée Némésis, qui punit les hommes auteurs de violences conjugales, ayant réduits leur femme a un statut d'objet...

Zayn, détective privé, débarque aussi dans cette petite ville chargé de découvrir qui se cache derrière cette justicière. Dès son apparition, une tension s’installe entre lui et Joy, faite de défiance et d’attirance. D'emblée on connait la vérité : derrière Némésis se cache Joy elle-même, écœurée par la passivité d’une justice défaillante. Face à des notables intouchables qui maltraitent leurs épouses en toute impunité, elle décide d’agir. Sa rage devient moteur, sa douleur devient son arme. Ce n’est plus seulement la thérapeute qui écoute les femmes brisées et tentent de les aider, mais la femme qui refuse de rester sans rien faire et devient une guerrière.

La relation entre Joy et Zayn, dès lors, prend une dimension plus dramatique : lui est là pour la confondre, elle pour se venger. Deux êtres irrésistiblement attirés l’un vers l’autre, condamnés à se heurter.

L’autrice capte avec justesse la complexité de leurs émotions — entre méfiance, colère, désir et besoin de rédemption.

Vanessa Degardin parvient à aborder un sujet brûlant — les violences faites aux femmes — avec équilibre. Elle tisse autour du thème une intrigue haletante sans jamais trahir la gravité du propos. "Némésis" interroge la frontière fragile entre justice et vengeance, amour et destruction, pardon et survie.

Un roman dense, dur mais nécessaire, où la romance devient acte de résistance et la douleur, instrument de libération.

C’est une histoire que j’ai aimée, notamment pour l'audace de Vanessa d'aborder les violences conjugales et notamment via la soumission chimique. Il fallait un certain courage pour aborder un thème aussi sensible, et Vanessa l’a fait avec finesse et profondeur. Sur le plan psychologique, le roman est juste et à propos.

En revanche, j'ai eu un peu plus de mal à adhérer complètement à la romance entre Zayn et Joy — pourtant, l’alchimie entre eux est réelle, l’intensité palpable, ça matche indéniablement entre eux. Mais il m’a manqué un petit quelque chose en plus, pour y croire à cent pour cent. Cela dit, j’ai trouvé que leur relation restait bien dosée dans la trame, apportant un équilibre face à la gravité du sujet.

J’ai aussi apprécié que l’autrice mette en avant toutes les femmes du roman, et pas seulement l’héroïne. Certaines apparaissent en filigrane, d’autres s’imposent davantage, mais toutes participent à ce chœur de voix féminines blessées, fortes, parfois brisées mais jamais éteintes. Le rôle de la mère de Joy est également marquant : pilier discret, symbole de transmission et de résilience. Enfin, le côté très « green flag » de Zayn apporte une respiration bienvenue. Face à la violence masculine omniprésente, il incarne la possibilité d’un amour respectueux, d’une masculinité apaisée, et ça, c’est précieux.

En somme, "Némésis" est une romance engagée, touchante et courageuse, qui ose parler vrai sans renoncer à l’émotion.